Le-Scaphandrier

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Un engin bizarre, l'Aquaped !

Les essais de l’AQUAPED

J’étais à l’époque matelot et plongeur au GERS. Il y arrivait souvent des engins bizarres à essayer.

Un jour, débarque une longue caisse. On y découvre un tube rouge métallisé, en forme de torpille, possédant à une extrémité deux hélices et à l’autre un jeu de sangles avec, au centre, un pédalier de vélo. Les deux hélices tournant chacune dans un sens, créant sans doute un effet gyroscopique, chargé de stabiliser l’engin.

Beaux calculs théoriques, dont nous n’allions pas tarder à apprécier les résultats… !

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So nom l’Aquaped, était visiblement issu du cerveau fantaisiste d’un ingénieur d’outre Atlantique du littoral californien.

Le Cdt Chauvin, prends la décision que nous les jeunes plongeurs attendions tous : 

-      « Demain appareillage, prévoir photo pour essais et PV de cet appareil »

Le lendemain, nous nous retrouvons mouillés, à bord de la VP,  à Porquerolles.

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Passionné, j’avais déjà enfilé ma Mutta di Gomma, j’étais le premier à recevoir l’ordre du Pacha  d’y  aller :

-      «  Bon, Loridon, je vois que tu es prêt et impatient, tu capelles cet Aquaped sur la plate forme arrière de mise à l’eau de la VP, tu plonges, juste une petit tour et tu reviens nous dire ce que tu en penses »

au gers VP 771.jpg

Je descends, sur le caillebotis à l’arrière et endosse mon tri-acier.

Mes collègues, entreprennent de me rendre solidaire de l’Aquaped à l’aide de ces sangles qui tenaient du support-chaussette à l’ancienne.

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Je me jette à l’eau, protégeant mes parties viriles, premières au contact, tout droit, les pieds devant, sans palmes, car devant pédaler sur ce vélo subaquatique et de faire tourner les hélices.

Arrivé sur le fond, entraîné par le poids de l’appareil, je me mets en position horizontale, je cale mes pieds sur les pédales, je lance l’engin…et là !

Propulsé par la double hélice, je fais un bond en avant de quelques mètres et je sens que je perds la maîtrise de l’appareil. Je redémarre, en rase mottes sur un magnifique champ de posidonies.

A nouveau, je percute la planète, après avoir ravagé une bonne vingtaine de mètres de phanérogames, laissant derrière moi, une traînée  de matériaux en suspension.

Je m’arrête à nouveau, je réfléchi, échoué sur le fond, immobilisé par cet instrument fou. Je recommence plusieurs fois. Le comportement de cet engin est complètement imprévisible.

Cet outil agricole délirant se transforme en engin de travaux publics sur les fonds de sable, creusant des trous et des fossés.

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La raison de cet échec, vient du fait que la liaison, portes-jarretelles-support- chaussettes décrites plus haut, trop souple et donc instable, ne permets pas de gouverner.

Je remonte vers la surface, et les derniers mètres parcourus, par hasard en position verticale parfaite, l’engin, qui ne manque pas de puissance, me fait jaillir tel une fusée, jusqu’aux genoux pour me ramener illico au fond. Je commence à me demander comment il va m’être possible de sortir, car si je vise l’échelle de plonge et que je la manque, je vais me farcir, bille en tête, la coque de la VP.

Alors calmement, je tente de me débarrasser des sangles me liant à l’Aquaped.

En surface, le Pacha et les officiers commencent à se faire du souci, devant mon immobilité. Ils m’envoient donc un autre plongeur, qui va m’aider à me libérer et remonter le sinistre outil.

Sortie de l’eau, débriefing, avec un profil bas, genre marin malheureux :

-      « Oui, Commandant, ça pourrait marcher, mais, le pilotage pas facile, ça avance, ça oui, mais on ne sait pas trop où l’on va… »

Mes collègues rigolent bien et l’un d’entre eux me dira après, devant le coup de Gwinn-ru  réparateur, au poste d’équipage :

-      « ..quand on t’a vu sortir, comme une fusée, et repartir, on s’est dit, la prochaine fois quand il va survoler la VP, on l’abattra à coup de Mousqueton*…. »  Ah ! Les braves gens !

Par la suite d’autres vont essayer, en gonflant la bouée-Dumas, pour stabiliser l’ensemble et maintenir le plongeur en position légèrement en montée, en Oxygers aussi en gardant le sac légèrement gonflé, pour les mêmes raisons.

Ils partiront en vrille incontrôlée, continuant à se livrer à une moisson anarchique de posidonies. Actuellement, on se ferait écharper par quelques écolos distingués.

L’outil fut remis dans sa boite et renvoyé à Marine-Paris avec un rapport circonstancié, qui ne devait pas être flatteur. Le Capitaine de Frégate CHAUVIN,  n’aimait pas, à juste titre, que l’on perde du temps sur des essais d’engins qui n’avaient pas de vocation militaire.

Posidonies 2.jpg

 



02/01/2015
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