Le-Scaphandrier

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L'Épave de l'Artésien en 1955

Ma première épave profonde.

C’était, à l’origine un beau cargo qui allait devenir  la première épave entière que j’allais voir, à 50 M de profondeur.

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J’étais au GERS depuis un mois, pour effectuer mes devoirs militaires.

Arrivant de Paris et mes navigations sur la Seine, je ressentais les affres du mal de mer. L’Élie Monnier qui nous emmène sur place, ancien navire allemand, roulait bord sur bord dans une large houle. J’étais vautré sur l’arrière guettant ma fin prochaine, me sentant incapable de plonger.

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Heureusement notre instructeur le second maître fusilier Maurice Piovano, un plongeur de haut niveau, est venu me chercher me tenant un langage vigoureux :

-         Tu te lève, tu t’habille et nous plongeons ensemble

Ma voix bêlante :

-         Mais chef, dans mon état, impossible je vais me noyer…mourir…

-         Pas question me dit-il, fais moi confiance, une fois à l’eau, plus de mal de mer !

Le fait est qu’il avait raison. Aussitôt immergé cela disparait totalement.

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En arrivant à 30 M je découvre l’épave, un navire magnifique posé bien droit sur sa quille. On ne peut d’ailleurs pas voir l’ensemble vu sa longueur.

Je suis mon instructeur qui nage tranquillement respirant tout comme lui calmement dans mon détendeur CG 45.Un peu de narcose, cela je connais pour l’avoir ressenti lors de plongée en lac beaucoup moins profond d’ailleurs.

La faune est importante, il y a toutes sortes de poissons mais surtout des rougets énormes, broutant avec leurs barbillons sur le pont. Enfin sous chaque tôle il y a une langouste et pas des petites. N’en parlons pas, malgré la prescription je ne dirais rien !

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Après les paliers je suis ressorti tout neuf. Heureusement le parcours pour le retour était bref et le mal de mer renaissant ne m’a pas rattrapé.

Mon instructeur Maurice Piovano voyant cela me prend à part :

-         Ton mal de mer, je vais te le faire passer avec une méthode de marins infaillible.

Ce qu’il a fait quelques jours après retour de Porquerolles sur la VP 771 dans un coup de mistral bien frais.

Sa méthode était efficace, je n’ai plus jamais été malade malgré les coups de brafougne que j’ai rencontre dans la manche et autres mers.

Je vous raconterai une autre fois le remède du Dr Piovano.

Qu’en est-il au fait de l’Artésien, en voilà l’histoire de son naufrage.

Le 29 Février 1944, la perte de l’Artésien.

Ce mardi à 7 heures du matin, il quitte Port-de-Bouc, avec un chargement de sable, à destination de Toulon. Vers  8h00, au large de Marseille, il est pris en charge et escorté par trois dragueurs allemands. 

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Vers 15 H, tandis que le petit convoi passe à proximité du cap Cépet, près de l'entrée de Toulon, l’Artésien est torpillé par l’Uproar, un sous-marin britannique. 

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Le cargo est atteint par trois torpilles, une à la hauteur de la passerelle, une autre explose dans la salle des machines après avoir passé sous la coque de la drague d'escorte et l'autre sur sa partie arrière .Seules deux des trois torpilles ont vraisemblablement explosées au vu de l’excellent état de l’épave en 1955. Une quatrième explosion de torpille se produit sur la côte. Le cargo coule en moins de deux minutes.

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Arrivés rapidement sur les lieux, deux hydravions alertés lancent des grenades, sans succès.

L'équipage était composé de 30 marins français, mais une garde militaire allemande était également à bord. Les dragueurs d’escorte et deux bateaux patrouilleurs rapides allemands recueillent les rescapés. Trois sont légèrement blessés. On comptera 19 disparus dont tous les officiers du bord.

Actuellement l’épave est totalement défigurée, par rapport à ma plongée de 1955, une entreprise de travaux sous marins toulonnaise y ayant récupéré tout ce qui avait de la valeur. 

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01/01/2014
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