Le-Scaphandrier

Le-Scaphandrier

À Six fours, l'éperon d'une galère romaine...

 À Six Fours, au Brusc, l’éperon d’une galère romaine…

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Ce 31 juillet de l’an 49 av JC, Nésimus Tanteplus, vient d’être réveillé par les hurlements hystériques de la plus belle de ses esclaves.

Elle contemple de la terrasse de sa villa sur les hauts de Tauroenthum, une bataille navale qui n’allait pas tarder à devenir célèbre.

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Il s’agit vraisemblablement de la flotte de Pompée qui défend les Massaliotes, déjà bien impétueux, contre la flotte de César,ainsi que relaté dans un récit d’époque :

… les vaisseaux de Massalia étaient plus propres à l’attaque, plus légers à la fuite, plus faciles à ramener par de rapides évolutions, plus dociles à la main du pilote, mais ceux des Romains au contraire, par leur pesanteur et leur stabilité, avaient pour eux l’avantage de l’éperonnage

Un coup mortel qui vous envoyait l’ennemi par le fond, à condition toutefois, de pouvoir désengager justement l’éperon enfoncé dans la coque adverse, avant qu’il ne vous entraîne à son tour par le fond

Et ce jour-là le romain, qui venait de planter le navire du marseillais Om.Foutbalus, n’était pas pour autant sorti d’affaire.

Les marins de Phocée,bagarreurs et ne s’en laissant pas imposer, comme ils le sont tous, se mirent à déverser sur  l’adversaire des tonneaux d’huile d’olive de troisième pression, peu consommable, utilisée fort justement comme une arme fatale après l’avoir enflammée à l’aide de torches de résine.

Et les deux navires ainsi entrelacés, dévorés par les flammes, commencent à dériver vers les récifs qui apparaissent dans le sud où ils vont finir par couler.…

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Cela se passait entre le Rouveau et les Magnons, là ou fort justement, des siècles plus tard, Emile Troubarède  pêcheur de Sanary, un matin de juin 1877, tentait en vain d’arracher son filet du fond. Ne possédant que ses bras musculeux certes, il arrivait à le hisser d’un mètre mais était rappelé aussitôt vers le fond, par un poids trop lourd à hisser.

Devant cet échec, désirant récupérer son filet, il rentre au port,  en hissant sa voile  et arrivé à quai apostrophe l’un de ses amis :

-         Dis Louis, tu pourrais venir avec moi pour sarper* mon filet, que je n’arrive pas à sortir.

Les pêcheurs sur place de rire :

-         Ton filet, tu peux le couper, nous te l’avons dit souvent, que tu étais trop gourmand, c’est vrai que tu fais de beaux poissons, mais tu vas trop près des roches et là avec le courant, il est dedans et tu ne pourras pas le récupérer.

Un autre, d’ajouter en provençal, faisant référence à un personnage folklorique célèbre :

-         Vaï cerca Molinari !*

Et c’est ainsi que le lendemain aidé par son ami auquel se sont joints d’autres pêcheurs, il va sortir de l’eau une pièce en bronze, dont il se demande quelle peut en être l’origine. Elle porte aussi une tête de femme horrible ce qui augmente le mystère.

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Ne voyant pas ce qu’il peut en faire et pouvant ainsi en tirer quelques sous, car les temps sont durs, il va la proposer à un fondeur Toulonnais nommé Buisson.

C’est ainsi que l’on va perdre la trace l’éperon de l’une des galères ayant participé à la célèbre bataille de Tauroenthum.

Seul mon ami Charly, un plongeur archéologue reconnu, qui a fait des recherches sérieuses  en baie du Brusc, pourra-t-il un jour nous faire revivre cette rencontre antique, lors de l’une de ses découvertes.

*Sarper : Tirer le cordage d’un filet ou autre engin de pêche

*Molinari : personnage légendaire auquel on a recours dans les situations désespérées. Il fut peut-être un renfloueur de bateaux ciotadens qui aurait rendu de nombreux services.

 



21/06/2018
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