Un Pirelli-sport pour des cigalons.
Il m’était arrivé d’aller de nuit en Zodiac…
...dans les belles années soixante, sur la grande digue barrant le port de Toulon, pour ramasser un seau de cigalons, c'est-à-dire de petites cigales de mer.
Il suffisait de marcher sur les blocs d’enrochement et, en éclairant entre eux, de voir les deux yeux rouges apparaissant dans le faisceau de la torche.
À ce moment on les ramassait délicatement avec une courte épuisette
L’ennui, c’est qu’ayant répété cette pêche de nuit interdite bien sur, la lueur de nos lampes avait attiré l’attention des Darlans* qui un beau soir déboulèrent en vedette machine sur le pont.
Heureusement pour nous ils étaient côté large et notre zodiac amarré lui à l’intérieur. Priant que notre moteur démarre au premier coup, ce qu’il fit, couché au fond en tenant ferme la barre, le temps que nos adversaires doublent le bout de l’ouvrage qui mesure pas loin de 1200 mètres, nous étions arrivés derrière une bouée de croiseur d’une largeur de trois bons mètres et là moteur éteint nous avons vu le projecteur de la vedette nous chercher et même balayé notre bouée.
Quand les gendarmes se décidèrent à quitter les lieux, nous nous sommes d’abord éloignés à la pagaie et mis le moteur en avant lente pour rejoindre le littoral devant Tamaris où se trouvaient voiture et remorque. Nos cigalons eux s’étaient dispersés au fond du Zodiac sous le plancher, et il a fallu dégonflé le pneumatique pour les récupérer.
Pas question de rester sur un demi-échec tout d’abord et ensuite les cigalons à l’armoricaine il y avait un moment que l’on voulait s’en faire une fricassée. Mais, pas question de retourner sur la digue, les autres en face devaient nous guetter.
C’est alors que j’ai eu l’idée de me faire prêter un appareil à circuit fermé, un Pirelli sport dit aussi Poséidon.
Totalement équipé après un rinçage conséquent, mon collègue s’est approché avec le Zodiac et m’a largué devant les enrochements. Lui devait se tenir bien au large, et veiller aux éclairs lumineux de ma torche, en partie masquée d’ailleurs, pour venir me récupérer.
Tranquille au fond à environ 5/8 M dans la limite de l’O2, je me suis retrouvé avec une foultitude de nos bestioles. À croire qu’ils s’étaient donné rendez-vous sur seulement 100 m. La plongée en circuit fermé c’est ce que l’on ressent de plus agréable, pas de poids sur les épaules, pas de bruit bien sûr, si l’on arrive à avoir un volume respiratoire égal à celui du sac, on se sent à l’aise, que dis-je, poisson. Ce qui était mon cas après la longue expérience des essais de l’Oxygers que j’avais pratiqué au GERS.
En moins d’une demi-heure la récolte abondante était faite, signal trois éclairs blancs vers le large et le Zodiac en vitesse lente et discrète me récupère.
Le lendemain matin, j’étais en cuisine avec les tomates du jardin, du cognac et autres ingrédients.
On a commencé le repas avec des petits jaunes pour se faire la bouche en portant un toast à l’amiral François Darlan dont les sbires avaient encore fait chou blanc.
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