Le-Scaphandrier

Le-Scaphandrier

Des amphores mystérieuses à Porquerolles en 1956...

Lors de mon époque militaire au GERS, il avait été demandé au Commandant, le capitaine de Frégate Chauvin de faire effectuer une reconnaissance des fonds entre la Tour fondue et Porquerolles.

Ceci pour  étudier la mise en place éventuelle d’une conduite chargée d’apporter de l’eau douce sur l’île suite aux agrandissements de béton prévu.

J’ignore depuis ce qu’il en est devenu sur le plan de la conduite, mais pour le béton, on a vu !

Nous sommes donc sur place un beau matin avec la VP 771. Sur son arrière est amarré un long cordage avec une gueuse en fonte à son extrémité.

                 

La longueur est réglée ladite gueuse soit à un mètre du fond quand la VP avance à vitesse lente, environ deux nœuds. Comme vous l’avez compris le plongeur lui se tient au cordage à un mètre au dessus du lest et peut donc voir le fond sans se fatiguer.

C’est ce que l’on nomme « la recherche au pendeur »

Cela parait en théorie confortable, si on fait abstraction de la vitesse qui même faible vous oblige à bien serrer les dents sur l’embout du CG 45 et à tenir le visage dans la parfaite ligne d’axe pour ne pas se voir arracher le masque Squale.

Le meilleur, c’est que l’on se les gèle, même revêtu du Mutta di Gomma avec plusieurs couches de lainages dessous.

Les ordres sont simples :

-         Vous plongez chacun à votre tour quinze minutes et vous observez le fond. S’il n’y a que des posidonies et du sable, on continue, s’il y a des rochers, vous larguez la bouée ci-jointe et vous lâchez le pendeur pour remonter afin que soit reconnu l’obstacle. Attention néanmoins à ne pas s’inquiéter si ce n’est pas très important.

L'équipe avant la mise à l'eau :

                

Je suis le second dans la liste prévue, je me mets à l’eau à l’arrêt de la vedette  et je descends sur le bout’. Arrivé en vue du fond, je m’arrête et le tout démarre. Comme je n’en suis pas à mon coup d’essai avec cet appareillage, tout va bien. Je vois du sable et des posidonies, il y a environ  vingt mètres, mais cela se creuse, je le sens aux oreilles. Quand soudain sur ma gauche, je vois un joli tas d’amphores ! C’est très fugitif et je ne sais que faire.

Vais-je larguer la bouée et arrêter la manip pour ces poteries ? Cela sort du cadre de notre mission et le Pacha ne plaisante pas dans  ce domaine, les ordres de cette reconnaissance lui venant de Marine Paris relayé par Prémar trois.

Tant pis je ne dis rien et je finis ma plongée. En surface le troisième plongeur va se mettre à l’eau lui aussi, tout le monde est en place, pas un mot de trop ! Alors, je préfère m’abstenir me donnant un temps de réflexion.

Un temps qui va durer, car à la fin de l’exercice, il y a le débriefing, le rapport circonstancié, le plan de l’exploration.

Je me dis que mon histoire d’amphores  risque de mal tomber et je continue à me taire.

Où je l’ai mauvaise, c’est un mois après alors que nous sommes en route pour une plongée sur le Donator, et que nous sommes entre Porquerolles et la terre dans la passe et que l’un d’entre nous ironise :

-         Si ça se trouve quand on a fait la recherche pour la conduite d’eau, nous sommes passés pas loin d’un champ d’amphores.

-         C’est pour le coup répond le Pacha qu’il aurait fallu s’y attarder !

Je suis à la barre et je serre les maintenons à me faire mal. Si j’avoue alors qu’il ne sera pas possible de retrouver ces maudites amphores, je risque de me retrouver matelot sur la Richelieu ! Alors je n’ai rien dit et depuis les amphores dorment tranquilles.

                

À moins qu’elles soient depuis, découvertes et signalées au DRASM.

Où que des pirates s’en soient empressés eux.

J’en serais malade pendant des années et je n’en ai jamais fait état. Sauf maintenant à la veille de mes quatre-vingts printemps…

 



03/07/2013
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