L'Oeil de Sainte Lucie
De notre amie Chrystel Janin,
Membre de notre Cercle des auteurs Bandolais, connaissant ma curiosité pour tout ce qui sort de la mer, vient de m’envoyer une carte postale lors de ses vacances en Corse.
On y relate la légende dite de « L’œil de Ste Lucie » cet opercule provenant d’un coquillage l’astrée rugueuse voir sur :
http://coudouliere.blogspot.fr/2012/07/le-biou-et-loeil-de-sainte-lucie.html
La dite légende est à l’origine symbolique et d’origine religieuse, tout en conservant un sens dramatique.
Parce que s’arracher les yeux pour conserver sa vertu et faire fuir les prétendants, il faut le faire. Je ne connais pas de jeunes et charmante bandolaises prêtes à ce sacrifice.
C’est pourquoi il existe une autre version corse bien plus « hard » celle là…
Celle du Bandit Ste Lucie
Un matin, alors qu'il soufflait un bon vent d'ouest, ne pouvant me mettre à l'eau, je me promenais sur la plage de St Jean, là bas, dans le sud de la Corse, à Pianotolli-Caldarello.
Chemin faisant, je ramassais de ces opercules orangés et nacrés dits Œil de Sainte Lucie.
Curieux, comme je le suis toujours, je montais au village voir mon ami Pierrot B... un ancien nageur de combat, un peu ma seconde famille.
Je lui demandais donc :
- Pierrot, pourquoi ce nom de sainte à ce coquillage ?
Après réflexion il me répondit :
- Il y a plusieurs légendes, dont celle de la sainte qui s'est arraché les yeux, mais ici ce n'est pas cela.
Je me dis que j'allais avoir une explication plus dramatique sans doute.
Je ne fus pas déçu quand il reprit la parole :
- Voilà, c'était un bandit célèbre qui s'appelait Ste Lucie. Il vivait au maquis et descendait de temps en temps chercher auprès des gens des villages quelques provisions, comme cela s'est toujours fait ici. Mais un jour il surprit un autre de ses collègues qui venait de faire une mauvaise rencontre avec une paire de gendarmes.*
- L'un des pandores avait pris du plomb. Ste Lucie, lui, il avait tout vu. Aussi son ami lui demanda t-il de ne jamais le dénoncer, ce qui ne risque pas d'arriver en Corse comme chacun sait. Malgré cela il lui jura de ne rien dire ajoutant « Que je perde la vue, si je parle »
- Cette affaire de gendarmes qui s'étaient fait plomber, déclencha l'une de ces chasses au bandit, sans résultat comme à l'ordinaire. Par contre, Ste Lucie, lui, fut capturé par les forces de l'ordre dans une embuscade qui, cependant, ne lui était pas destiné. Blessé sérieusement au cours de l'échauffourée, transporté à l'hôpital, dans son délire, il donna le nom de son ami.
- Ce dernier, s'introduisit une nuit dans sa chambre et lui dit « Ste Lucie, tu t'es parjuré, je viens te donner ce que tu m'avais promis » et d'un coup de stylet il lui creva les deux yeux. Ce qui donna la forme de l’opercule du coquillage qui maintenant porte le nom du bandit...
Le gendarme en Corse :
A ce sujet il faut se souvenir de la définition ancienne de ce représentant de l’ordre en Corse. On ne disait pas Gendarme, çà n’existe pas Gendarme, c’est francisé, les vieux corses disaient « quellu chi hà ghjuratu di arrestà u babbu e a mama » ce qui veut dire en français « celui qui à juré d’arrêter son père et sa mère » .
Et je n’ai pas trouvé cela n’importe où. C’est écrit, par Mr Sergio dalla Bernardina, page 283, dans « La Chasse en Corse » édité par le Parc Naturel Régional de la Corse. Des gens sérieux quand même...
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