Le-Scaphandrier

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Conte de Noël "Le Tyrex de Loule"

Le Tyrex de Loule.

titre Tyrex.jpg

En ce début de décembre 1956, dans le haut var, au village d’Espinchol, c’était la panique ! En deux jours une demi-douzaine de poulaillers et de clapiers avaient été totalement détruits.

Planches et grillages étaient dispersées aux quatre vents. Par contre, les gendarmes appelés sur les lieux n’avaient constaté aucune tuerie parmi les animaux domestiques concernés.

Ceux-ci ne s’étaient pas éloignés. Ils avaient recouvré la liberté, mais étaient tous, terrorisés, tremblant sur leurs pattes, totalement tétanisées.

Immédiatement les avis les plus péremptoires fusaient de toutes parts dans les bars de la place centrale. Chez Tonin fréquentés par les chasseurs, on entendait des menaces pour le moins violentes :

-         Tant que l’on n’aura pas chassé du village à grands coups pe de pied au c.. la famille Courtefigue, on assistera à de tels pillages. On le sait qu’ils sont du club de « la nature anti chasse ». On peut lire sur leurs tracts « Quand allons-nous chasser les chasseurs »

-         D’autant plus que, maintenant, on va avoir besoin de nous !

Au Centre, fréquenté  par  les représentants de la bourgeoisie locale, il s’agissait de l’avis componctueux de César Spinel le bedeau :

-         Que voulez-vous la nature se fâche et ces petites bêtes devenant des grosses bêtes et qui font la joie de nos tables, ont décidés de se révolter

Enfin chez  le Sissou, là où se retrouvait et se recrutait les membres de la Fine Pétanque seul Loule, l’ancien pompier se montrait mystérieux :

-         Moi, je le sais et quand je vous aurai dit ce que c’est, vous comprendrez ! ou plutôt, comme des couillons, vous ne comprendrez pas !

L’ennui, c’est que ces désordres  ne cessèrent pas, bien au contraire.

Cela allait en empirant avec des hurlements nocturnes bizarres car ne provenant pas de chiens errants, ni donc d’un loup égaré.

Et puis « la bête » comme tout le monde nommait, cet élément perturbateur faisait évoquer des légendes anciennes. Certains intellectuels y voyant la réminiscence de celle du Gévaudan.

Car un soir juste après la tombée du jour, on l’avait vu. Et même de près, car elle avait coursé  l’Adèle Pastoulacci. Il faut dire que cette dernière possédait selon certains,  encore  quelques beaux restes. Mais, ancienne péripatéticienne, ayant exercé ses charmes place du Pavé d’amour, elle se laissait un peu aller. Et même beaucoup sur le plan de l’hygiène corporelle.  Ce qu’elle remplaçait par de larges ablutions d’un parfum bon marché  agressif, dont elle avait conservé un stock  provenant de l’époque de son activité. Produit qu’elle faisait alterner entre chacune de ses prestations.

Ces dames du haut village lui en avaient fait le reproche en termes cinglants :

-         Enfin Adèle, il faut vous tenir, il y a une douche municipale que diable.

adèle Pastoulacci.jpg
L'Adèle Pastoulacci

Trainant derrière elle un fumet violent, ce soir-là, elle se voit arriver un monstre noir difficilement identifiable dans l’obscurité et qui se jette sur elle.

La bête cependant, ne se livre à aucun préjudice corporel sur  la belle. Elle se sent abondamment léchée de toutes parts, par une énorme langue râpeuse et baveuse. Alors, elle pousse des cris :

-         Au secours, à l’assassin, à moi, je vais mourir…

Devant l’étreinte insistante qu’elle subit, anticipant une suite possible :

-         Au viol ! sauvez-moi !

C’est ce dernier cri qui va faire sortir à sa fenêtre Gu Pompaloli.  Armé de son fusil de chasse, il tire deux coups de cartouches au sel vers la masse difforme supposé être l’agresseur de la vertu de la mère Pastoulacci.

Le maire rallume, le réverbère de la place éteint le soir pour des raisons d’économie et téléphone aux gendarmes. Ces derniers s’empressent d’arriver à toutes pédales sur leurs cycles « Hirondelle de la Manu », une demi heure après.

L’Adèle gît sur le banc public ou Jojo le propriétaire du bar voisin vient de la ranimer avec un verre de pastis pur de sa fabrication. Il n’y a pas d’autre victime. L’animal lui a disparu dans le bois voisin.

Le lendemain matin, à l’aube fine, les membres de la Diane Fiévreuse sont réunis chez Tonin, armés de pied en cap, telle de la soldatesque sud-américaine.

-         On va faire une battue et en finir avec cet animal. Pensez donc, ce coup-ci c’était l’Adèle ! Mais imaginez qu’il s’en soit pris à…

Suivent en catimini quelques prénoms de personnes légères rendant de grands services à la population mâle. Et trois jeunes gaillards, qui eux lancent des regards appuyés vers le maire dont la très jeune épouse…

Tous sortent et sur le trottoir, on ouvre les fusils où l’on glisse les cartouches de chevrotines avec des encouragements réciproques :

-         On va lui faire sa fête à cet engin !

C’est alors que déboule Loule se mettant les bras en croix devant la horde vengeresse :

-         Arrêtez, je vais tout vous dire, c’est Tyrex, mon ours, c’est mon Titi !

Tyrex à Loule.jpg
Titi

Et d’expliquer qu’il avait été envoyé, il y a six ans, en Roumanie pour participer à une mission d’études sur les feux de forêt. Un beau jour, en visite dans les montagnes voisines, il y avait trouvé un tout jeune ourson pleurant, couché sur sa mère morte d’une blessure par balle.

Devant cette misère, il l’avait adopté et s’en était occupé pendant l’année d’études passées sur place. Ce jeune plantigrade était particulièrement vigoureux et d’une belle taille pour son âge. Les gardes locaux l’avaient donc nommé Tyrex comme le dinosaure géant. Lui, Loule par tendresse préférait Titi.

Le jour de son départ, il ne voulait pas retourner en forêt et pleurait presque dans les bras de Loule. Le garde-chef lui ayant dit :

-         Attention, c’est un animal fidèle et bien capable de venir vous retrouver chez vous, là-bas en Provence.

C’est qui s’était vraisemblablement  passé. Tirex fut capturé quelque temps après par un filet, jeté d’un hélicoptère et aussitôt renvoyé dans son pays, pendant les fêtes de Noel. Un an après une rumeur courait les bars et collines affirmant que le Titi de Loule était de retour. Va savoir… ?



08/01/2020
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