Le-Scaphandrier

Le-Scaphandrier

A Sanary, un lieu historique de Frédéric Dumas

Cela s’est passé à la plage de Portissol sur la matte qui existe en son centre.

Il s’agit d’un massif  de posidonies formant un genre de récif que l’on nomme une matte. Et celle-ci se révèle être historique.

Sa particularité, elle affleure presque la surface.

Elle est aussi partagée en deux par une faille située parallèlement à la plage, résultat d'un écroulement dû à des tempêtes et à l'érosion de son pied.

C’est lors d’une mission à Toulouse,  aux côtés de Monsieur Dumas, ce qui me permit tout au long du parcours, de questionner ce pionnier sur ses exploits en tant que chasseur sous-marin. Il me parla de la matte :

-         " Lorsque j'ai débuté, du poisson, il y en avait partout. Habitant Portissol, je n'avais pas loin à aller, le meilleur endroit, c'était la matte avec sa faille juste devant la plage. Je savais pouvoir y tirer un loup de belle taille à chaque sortie. Si tu y retourne tu pourra en faire autant..."          

Quelques années après,  j'apprends qu'il est possible de troquer la lourde flèche de mon arbalète Beuchat contre une nouveauté "la flèche tahitienne » dont le diamètre passait de 10 m/m à 6m / m. Cette idée nous avait été rapportée par "Les 4 du Moana" qui venaient de terminer leur "Tour du Monde de la chasse sous marine" et qui logeait à Sanary sur leur célèbre bateau.

Ayant donc changé mon type de flèche, je me dis qu'il allait falloir l'essayer. Nous étions en août, et c'était la pleine saison d'été. Soudain le conseil de Frédéric Dumas me revint à l’esprit

-         … la matte de Portissol… il doit bien y avoir encore du poisson.

Nous sommes dans les années soixante, les fonds marins n'ont pas atteint la désertification actuelle.

À 10 heures du matin, il n'y a pas encore trop de baigneurs. Je me mets à l'eau, au plongeoir, sous l'œil bienveillant du CRS sauveteur de la plage, mon ami Joé Brun. Je nage doucement vers la matte. J'y arrive sans bruit sur le haut, allongé de bras tendu avec au bout l'arbalète, et je passe la tête au bord.

-         Frédéric Dumas, quel chasseur sous-marin !

Car je vois sortir de la faille, montant vers moi, curieux comme l'est toujours ce poisson, un loup magnifique. Il vient droit vers la pointe de la flèche. Je vise calmement entre ses deux yeux jaunes en boutons de bottine.

La flèche part, le loup aussi, mais pas assez rapidement, car je le perce, juste derrière la tête. Un sacré joli coup, quelle précision ce nouvel outil.

Á la pesée, il affichera dans les trois kilos. Il sera grillé avec mes nombreux amis, en bord de mer, abondamment garni d'herbes et de fines tranches d'oignons, arrosé d'un mélange de vin blanc, de muscat, d'huile d'olive.

Je ne suis jamais retourné sur la matte de Portissol, mais dans la faille, je pense que l’on peut encore y tirer un loup de temps en temps.

L’esplanade juste au-dessus de la plage a été dédiée à Frédéric Dumas.



09/07/2013
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