Le-Scaphandrier

Le-Scaphandrier

Plongées en lac d’altitude en 1953

L’étang du Lanoux .

À la Sogétram, en 1953, pour l’EDF un premier chantier important venait de nous être échu à l’Etang du Lanoux, dans les Pyrénées.

Ce plan d’eau naturel se situait sous le Pic Carlitte, à 2200 mètres d’altitude et à, environ 6 à 8 kms du village de Porté Puymorens.

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L’EDF pensait mettre en place un barrage, et  il devait être percer une galerie de 14 Kms. La profondeur du départ de la dite galerie était prévue à environ – 40 mètres. Les ingénieurs de l’EDF ne connaissaient pas, la nature du substrat, là où devait déboucher cet ouvrage.

Nous devions donc reconnaître l’état de la paroi, photographier, filmer si possible, faire des croquis, rapports, en utilisant le matériel de plongée de ces années pionnières.

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Le calcul des paliers de ce type de plongée, à cette profondeur, en altitude, provient maintenant de technocrates distingués, calculateurs chevelus de tables de décompression qui les ont mis en ordinateurs.

Nous on avait été  au plus simple ….on augmenterait tous les paliers d’un tiers.  Et tout s’est bien passé pour notre première décompression d’altitude.

Les tri-alus Spiro nécessaire  ne pouvant pas être monté à dos d’homme l’EDF avait loué les services d’un muletier sarde et d’une douzaine de brêles.

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Sur place, il avait été prévu un logement dans un refuge de montagne désaffecté.

Là-haut dans un décor digne du film « Ramuntcho » projeté dans les salles de cinéma de l’époque, nous avons effectué nos plongées de recherches et d’études pendant trois semaines au cours d’un mois de juillet ensoleillé.

L’eau était cristalline….et glacée. Nous découvrions des pentes de galets, de blocs de roche épars, de falaises verticales, le tout peuplé de belles truites.

Nous y avons fait des photographies,en noir et blanc utilisant un caisson de notre fabrication.

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 Après le développement et tirages des pellicules, il nous appartenait de faire le point sur place, devant un aréopage de techniciens et d’ingénieurs, et de situer sur un plan  nos découvertes. Et la qualité picturale s’en ressentait.

Nous avions beau utiliser des pellicules sensibles de 400 ASA et de l’éclairage de lampes flash magnésiques puissantes, le résultat obtenu nécessitait une interprétation, doublé d’un sens de la persuasion que seul Galerne possédait.

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Ce qui donnait à peu près cela :

 André brandissant un tirage, surchargé de noir, gris et blanc brumeux :

-         «  …Voyez-vous messieurs, cette arête qui se devine sur la gauche, représente, quand on la regarde bien, le bord de la falaise rocheuse situé sur notre plan en A 7 . »

Le dit plan réalisé par nos soins selon le modèle de la bataille navale couramment utilisé par les cancres estudiantins, dont j’étais.

Les représentants de l’EDF hochaient la tête, dubitatifs, mais ne voulant pas avoir l’air de ne pas comprendre les explications d’un plongeur qui avait été à bord de la Calypso, compagnon du Cdt Cousteau.

Pour les dirigeants de l’EDF, c’était une première. Certains s’inquiétaient, non pas des résultats obtenus, qui en fait étaient quand même probants, mais du personnel pratiquant. Disons-le, ils n’étaient pas du tout habitués,  aux joyeux drilles que nous étions, qui descendaient en plongée a 40 mètres de fond, en prenant cette activité de haut risque au milieu d’une détente continuelle.

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Que voulez-vous au moment de raccorder le détendeur CG 45 sur les énormes tri-alus, le joint plat nous pétait souvent au nez. Une poursuite était lancée pour retrouver le sac de joints, il n’y en avait plus ! On ressortait un vieux morceau de semelle de caoutchouc et à l’aide d’un emporte pièce de cordonnier prévu à cet effet, on en taillait un à coups de marteau sur un morceau de bois.

Les représentants EDF, regardaient cela avec circonspection, et ne comprenaient pas la confiance souriante que l’on accordait au reste du matériel.

Nous leur avons même fourni une courbe thermométrique, prouvant que si l’eau du lac était à 14° en surface, elle n’était plus que de 4° à 40 mètres. Ce qui fit dire à l’un d’entre nous « …que ce n’était pas la peine de se livrer à toutes ces simagrées pour savoir que l’on se les gelait au fond… »

Le chantier terminé, il fut remis des rapports, des photographies et même clou du spectacle un diorama figurant la paroi du lac.

Ce chantier du Lanoux est resté pour les anciens, un repère de nos débuts.

Il n’en reste que le refuge que j’ai retrouvé en bien mauvais état quelques années après.

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Cette aventure figure avec plus de détails dans l’ouvrage ci-dessous totalement épuisé si ce n’est en ouvrage de collection.

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02/01/2016
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